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Ann Alfabette en terre flamande
8 août 2016

z'étaient chouettes les amis du bord de mer

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 La mer, on en rêvait. Eh bien, on l’a fait. Mais passés les premiers mois d’exaltation, on commence à ressentir la solitude. Finies les soirées improvisées entre amis ! Il faut se rendre à l’évidence : ici, on ne connaît personne et ce n’est pas évident de créer des liens solides rapidement. Surtout qu’ici on parle Flamand ! Nos amis avaient promis de venir, mais de la promesse à la réalité, il y a un pas.

«  C’est trop bête, proposons leur des dates, cela va les faire bouger ! »

Je propose trois dates à Marlène et Jonas .

La tactique fonctionne : Ils vont venir une semaine et nous allons les loger dans notre gîte au fond du jardin où nous accueillons généralement des touristes pour arrondir nos fins de mois. La vie est si chère dans notre belle région ! C’est mieux pour tout le monde : chacun aura ses aises et vivra à son rythme. Nous n’avons qu’une chambre et le convertible du salon n’est pas très confortable .

Le jour tant attendu arrive. Nous avons garé notre voiture dans la rue pour leur laisser notre garage, difficile de trouver une place, surtout un samedi.

Nous nous précipitons dans les bras les uns des autres. On va avoir tant de choses à se raconter ! Nous faisons le tour du propriétaire et installons leurs bagages dans le gîte. Ils s’extasient bruyamment, abusant de superlatifs car ils adorent nos talents de décorateurs. « C’est trop chou ! C’est vraiment MA-GI-QUE ! »

La première journée est formidable, nous comblons par moult paroles le morceau de notre histoire familiale qui nous manque réciproquement 

Après le déjeuner et le pousse-café, nous leur proposons une promenade sur la digue et cela est fort agréable. Au retour, nous les invitons au restaurant. Nous voulons qu’ils se sentent bien chez nous, peut-être avec l’arrière-pensée qu’ils aient envie de revenir.

Le soir venu, on s’embrasse et chacun regagne son logis.

 

Nous avons prévu dans le gîte, du café, du pain et de la confiture. Ils se réveilleront à leur guise et prendront le petit-déjeuner à leur aise. Nous aurions pu prévoir de leur apporter les croissants mais nous ne voulons pas leur donner de mauvaises habitudes, je n’ai pas le temps de courir à la boulangerie tous les jours.

Le lendemain, ils frappent chez nous vers midi. Nous déjeunons puis nous leur faisons découvrir le port. Marlène a du mal à marcher, les talons de ses escarpins se coincent dans les traverses de la jetée. Le temps est magnifique mais elle me fusille du regard. Quelle idée de mettre des hauts talons pour une balade en bord de mer !

Jonas, lui, soliloque. Nous ne nous souvenions pas qu’il fût aussi saoulant. Il dit tout haut ce qui lui passe par la tête, et ce n’est pas intéressant. Nous sommes dubitatifs : on en est au deuxième jour et on s’ennuie déjà avec eux, et encore, c’est pour rester polis.

Arrive le troisième jour, puis le quatrième. Ils sont de plus en plus pénibles et se font entretenir avec une facilité déconcertante. Nous payons tout ! Les sorties, les cafés, les courses. Marlène et Jonas ne mettent jamais la main à la pâte, ni à la poche. Ils sont chez nous en pension complète, une sorte de club méd gratuit. En prime, nous servons de psychologues, car ils ont un tas de problèmes !

Nous n’avons qu’une seule envie : les voir partir.

Quand on pense qu’on perd une semaine de location pour dépenser une énergie à distraire des parasites  ! Mais pourquoi on fait ça ? On leur doit quelque chose? Ils ne sont même pas de notre famille. Les recevoir pour une soirée était, avant, un ravissement mais les supporter toute la journée tourne au cauchemar. Encore heureux qu’on arrive à s’en débarrasser la nuit !

J’ai, bien sûr , un peu honte de moi, car je les ai invités, mais je croyais bien les connaître. Je me suis trompée. On ne connaît pas quelqu’un avant de vivre avec.

Nous en sommes au cinquième jour, et nous inventons des rendez-vous pour leur échapper jusqu’au soir. Marlène nous demande si elle peut faire un barbecue pendant notre absence. Il lui faut des merguez mais elle ignore où s’en procurer. Bonne poire, nous allons lui en chercher et nous laissons le ticket de caisse bien en vue, pour le cas où elle aurait l’idée de nous rembourser.

Nous ne nous éloignons pas trop ce jour-là, de peur de retrouver notre gîte en feu. Vraiment vilaines mes pensées, c’est de pire en pire ! Encore moins fière de moi. Nous rentrons vers 18 heures et Marlène nous explique qu’elle a eu la flegme d’allumer le barbecue, il faisait trop chaud. Les saucisses sont restées au soleil sur la table du jardin, elles finissent à la poubelle. Par contre, ils ont mangé le repas que nous avions prévu pour le soir. « Pas grave, j’aime tant faire la cuisine, ne vous inquiétez pas ! »

Le sixième jour, Jonas nous demande :

« Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? » suivi de « qu’est-ce qu’on mange ? Alors, on le fait ce barbecue ? »

Mon mari, lui répond que les saucisses sont à la poubelle mais libre à lui de les récupérer. La tension est palpable, mais nous tenons bon.

Enfin, le jour du départ arrive. Nous sourions tous. Eux parce qu’ils ont passé un bon séjour, nous parce que nous jubilons de les voir partir.

Nous les raccompagnons à leur voiture.

Jonas est sincère quand il déclare :

 

« Nous avons passé sept jours formidables, nous avons oublié nos soucis. Vous habitez dans un très joli coin, nous reviendrons souvent, nous allons rattraper notre retard. »

Nous avons envie de l’étrangler, mais nous sommes des adeptes de la non violence, et nous répondons «pourquoi pas ?», en nous retenant de ne pas hurler.

 

Un signe de la main pour leur dire au revoir… ou plutôt adieu. Cette semaine a été un calvaire. Si encore Jonas avait dit : « La prochaine fois, c’est vous qui venez. »

J’aurais peut-être pardonné car j’aurais pu rendre la pareille, c’est-à-dire :

- nous faire entretenir durant une semaine, en mangeant à l’œil matin, midi et soir, sans faire la cuisine ni les courses.

- la satisfaction de rendre les toilettes sans les nettoyer.

- la satisfaction de laisser une porcherie derrière nous.

_ la satisfaction de nous faire promener et payer des sorties, de nous faire offrir restaurants et salons de thé.

Des vraies vacances avec full options, et tout gratuit  !

 Pas étonnant qu’ils en redemandent !

 

Pour me consoler, je me dis que nous sommes d’agréable compagnie puisqu’ils veulent revenir !

(Reproduction interdite -Sabam copyright 2016) 

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Commentaires
A
Jamais pensé qu'on ressemblait à Emma et Fabien, mais finalement, c'est vrai. <br /> <br /> Merci pour tes félicitations.
M
Ce n'est pas très charitable de ma part ;-) mais ta façon de raconter cette histoire m'a bien fait rire. Et oui... passer une soirée agréable avec des amis et vivre plusieurs jours avec, ça n'est pas la même chose. On découvre les gens. Vous me faites penser un peu à Emma et Fabien de Scènes de ménages. Bon moi en tout cas, je viens de passer un bon moment en compagnie de vous 4 !<br /> <br /> Et félicitations pour le mariage.
Ann Alfabette en terre flamande
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